lundi 15 février 2021

Protection du vignoble

 La seconde moitié du XIXème siècle a vu l’introduction des maladies américaines dans les vignobles européens:

                                    - Oïdium (1845-1852)

                                    - Phylloxéra (1863-1868)

                                    - Mildiou (1878)

                                    - Black-rot (1885).

De nombreux produits chimiques furent donc expérimentés pour lutter contre ces parasites, et de nouvelles techniques furent mises au point, notamment le greffage qui a permis de replanter la plupart des vignobles détruits par le Phylloxera.

Les substances chimiques minérales au début, puis organiques par la suite, ont été de plus en plus employées. Ces substances sont appelées pesticides :

  • Fongicides pour lutter contre les maladies cryptogamiques
  • Insecticides pour lutter contre les parasites (insectes)
  • Herbicides pour éliminer les plantes indésirables

L’usage de pesticides pose deux problèmes :

  • La pollution des sols, des nappes phréatiques, des cours d’eau et de l’air
  • Les phénomènes de résistances. Ces phénomènes de résistance s’expliquent :
    • Par la sélection de souches ou variétés résistantes (champignon, parasites ou végétaux)
    • Par les mutations notamment pour les champignons (mildiou, oïdium ou botrytis cinerea)

1)- Deux types de pollution par les pesticides 

            11)- Pollution ponctuelle

C’est la pollution qui a lieu en un point donné, souvent à l’exploitation, lors de la préparation de la bouillie, ou lors du retour après épandage.

Pour faire face à cette pollution, on a mis en place des « Bonnes Pratiques Agricoles ».

Par exemple :

  • Equipements de protection individuelle EPI
  • Formation des opérateurs (Certiphyto)
  • Local spécifique de stockage des pesticides
  • Adaptation de la forme des cuves du pulvérisateur pour ramener le moins de bouillie possible à l’exploitation
  • Optimisation de la quantité de bouillie à préparer
  • Système de remplissage du pulvérisateur sécurisé
  • Système de rinçage des cuves du pulvérisateur
  • ….

12)- Pollution diffuse

C’est la pollution qui a lieu lors de l’épandage du pesticide.

Pour lutter contre cette pollution diffuse, il faut limiter le nombre d’application des pesticides sur les parcelles de vigne.

Pour mesurer l’impact environnemental de la stratégie de protection du vignoble mise en œuvre, il faut mesurer l’IFT (Indicateur de fréquence de traitement). L’IFT est de 1 lorsqu’un traitement à pleine dose a été appliqué sur toute la surface. L’IFT total moyen en Champagne est supérieur à 20 alors qu’il est en dessous de 15 dans d’autres régions viticoles.

2)- Stratégies de protection du vignoble

21)- Lutte systématique

Le viticulteur réalise des traitements dits d’assurance, aboutissant à la couverture permanente de la végétation, pendant toute la période de sensibilité de la plante, par des applications de produits chimiques à un rythme régulier.

Cette lutte chimique systématique ne tient pas compte ni de la biologie, ni de l’épidémiologie du parasite à combattre.

22)- Protection raisonnée du vignoble

Le bon produit, à la bonne dose et au bon moment.

La protection raisonnée du vignoble a été rendue envisageable grâce à une meilleure connaissance des ennemis du vignoble, et une meilleure appréciation des dégâts causés par ces ennemis.

En Champagne, l’opération “Magister” menée depuis 1991 par le CIVC et la protection des végétaux, qui est une démonstration de lutte raisonnée, a permis de réaliser une économie moyenne de 25%.

Définition de la lutte raisonnée: aménagement de la lutte chimique grâce aux seuils de tolérance ou aux méthodes de modélisation des maladies de la vigne, en tenant compte des risques quand à l’utilisation de certaines molécules. 

Les principes et bases de la lutte raisonnée sont les suivants:

·         Identification des problèmes.

Une parfaite connaissance des ennemis de la vigne, leur biologie et leur épidémiologie est indispensable pour une bonne identification des problèmes présents.

·         Les méthodes prophylactiques.

Elles peuvent contribuer à abaisser efficacement les risques naturels, et constituent un élément primordial de la lutte raisonnée.

Face à un risque identifié au vignoble, leur mise en place constitue la deuxième étape du raisonnement de la lutte.

Elles sont très variées selon l’ennemi à combattre, et font appel à des effets directs (suppression de la plante hôte) ou indirects (diminution de la vigueur) sur les ennemis visés.

On ne lutte pas directement contre la maladie ou le parasite, mais on limite tous les facteurs qui les favorisent.

Exemples :

  • La fertilisation azotée augmente la vigueur de la vigne, donc les entassements de feuillage et le microclimat humide au sein du pied de vigne, et favorise les maladies cryptogamiques de (botrytis cinerea, mildiou, oïdium, …). En limitant la fertilisation azotée de la vigne, on effectue une lutte prophylactique contre les maladies cryptogamiques.
  • De même, en améliorant la conduite de la vigne (taille, palissage, travaux en vert, …) on limite les entassements de végétation et on effectue une lutte prophylactique contre les maladies cryptogamiques.

Cette lutte prophylactique est très efficace, souvent plus efficace que la lutte chimique avec des pesticides..

·         Estimation du risque.

De nombreux ennemis peuvent être présents sur la vigne, mais seule une faible partie a une réelle importance économique.

La définition du risque fait appel à la notion de seuil de tolérance. Ce seuil est le niveau de population d’un ravageur ou d’un parasite, observé à un stade phénologique donné et sur un plusieurs organes précis, au dessus duquel risquent d’apparaître des dégâts quantitatifs ou qualitatifs préjudiciables.

Cette démarche est facilement applicable aux ravageurs animaux du vignoble. Par contre, elle est plus difficilement applicable aux maladies, car leur potentiel de multiplication est fonction de facteurs difficiles à quantifier: cépage, mode de conduite, techniques culturales, sol, climat, météorologie...

Ces dernières années, des progrès considérables ont été en matière de modélisation, notamment par système d’EPI (Etat Potentiel d’Infection). Ceci a permis, pour le mildiou et la pourriture grise, une quantification des risques, et la conception de stratégies de traitement adaptées à ceux-ci. Cependant, concernant l’oïdium, des lacunes dans la connaissance du champignon (uncinula necator) ont empêchées la mise au point d’une protection raisonnée.

·         Choix du produit

On choisit le produit le mieux adapté en fonction :

§  De son mode d’action :

·         Pour les fongicides :

o   Contact : reste à la surface du végétal. Il est lessivé par la pluie lorsqu’il tombe 20 mm. Exemple : cuivre contre le mildiou et soufre contre l’oïdium. Le cuivre et le soufre sont des fongicides minéraux, de contact (lessivés tous les 20 mm de pluie). Le cuivre est très polluants pour les sols.

o   Pénétrant : pénètre dans le végétal mais n’est pas véhiculé par la sève. Il n’est pas lessivé par la pluie mais ne protège pas les parties du végétal qui se sont formées après application du produit.

o   Systémique : pénètre dans le végétal et est véhiculé par la sève. Il n’est pas lessivé par la pluie et protège les parties du végétal néoformées (qui ont poussé après l’application du produit

o   Préventif : avant la contamination du champignon

o   Curatif : après la contamination du champignon

·         Pour les herbicides :

o   Prélevée : s’applique au début de la campagne, se positionne dans les premiers centimètres du sol et empêche la levée des adventices durant toute la campagne. Très polluants.

o   Post levée :

§  Contact : ne détruit que les parties du végétal touchées. Exemple : Glufosinate - Basta

§  Systémique : est véhiculé par la sève et détruit tout le végétal dès que le produit atteint une partir du végétal. Exemple : glyphosate - Round up.

§  De sa rémanence

§  Du délai d’application avent récolte

§  Des résistances

§  Des préconisations données par les avertissements viticoles

Aujourd’hui, cette estimation du risque est facilitée par la diffusion d’avertissements viticoles par les organisations professionnelles, qui permettent d’être conseillé efficacement.

3)- Lutte biologique

Définition de la lutte biologique: utilisation d’organismes vivants pour lutter contre les ravageurs. Il ne faut pas confondre la lutte biologique avec la viticulture dite biologique.

Exemples :

                                    - La confusion sexuelle grâce à la phéromone pour eudémis et cochylis : c’est une lutte biotechnologique.

                                    - Traitement avec une bactérie, Bacillus thuringiensis contre les tordeuses (eudémis et cochylis).

                                    - Lutte contre les acariens rouges et jaunes (P. ulmi et T. urticae) et l’érinose (Eriophyes vitis) avec un auxiliaire: les typhlodromes.