Fermentation alcoolique
1)- Historique.
-
1815 : Gay Lussac écrit l’équation de la fermentation alcoolique (FA).
C6H12O6 è 2 CO2 + 2C2H5OH
sucres
(glucose) éthanol
Cela donne le degré Gay Lussac. C’était une
théorie chimique de la FA car on n’avait pas encore mis en évidence
l’intervention des levures. .
-
1857-1866 : Pasteur met en évidence l’intervention des microbes dans la FA. Il
décrit la levure comme un animal mangeant des morceaux de sucre, expirant du
gaz carbonique, et rejetant de l’alcool comme
urine. Il y a alors une forte contestation des chimistes qui le prennent pour
un fou.
Les
théories utilisées de nos jours sont basées sur les travaux de Pasteur.
2)- Aérobie et anaérobie : respiration et
fermentation.
En
présence d’oxygène (aérobie), les levures fabriquent de l’énergie en consommant
les sucres par respiration :
:
C6H12O6
+ 6O2 è 6CO2 + 6H2O
+ énergie
En l’absence d’oxygène (anaérobie), les
levures fabriquent de l’énergie en consommant les sucres par fermentation alcoolique
avec formation d’éthanol :
C6H12O6 è 2 CO2 + 2C2H5OH +
énergie
sucres (glucose) éthanol
Pasteur
a montré que la fermentation alcoolique (anaérobie) est beaucoup moins
énergétique que la respiration (aérobie).
D’où
l’effet Pasteur :
- Tout apport d’oxygène dans
le milieu favorise la respiration au dépend de la fermentation alcoolique
- Toute raréfaction de l’oxygène dans le milieu favorise la fermentation alcoolique au dépend de la respiration .
En
réalité, une FA ne peut se faire en l’absence totale d’oxygène. En effet,
celui-ci est nécessaire pour la multiplication des levures. Au cours de cette
multiplication, les levures font des réserves d’oxygène qu’elles utilisent
ensuite pendant la FA.
3)- Energétique de la respiration et de la FA
: croissance des levures et production d’alcool.
L’énergie
produite pendant la respiration ou pendant la FA est en partie perdue sous
forme de chaleur, et en partie utilisée par les levures pour leur croissance
(multiplication). .
Seule
la respiration permet une multiplication importante des levures, c’est pourquoi
il faut aérer dans un premier temps pendant les vinifications.
4)- Formation des produits secondaires
pendant la FA.
41)-
Le glycérol.
Après
l’eau et l’éthanol, c’est le troisième constituant du vin sur le plan
quantitatif.
Le
glycérol se forme en début de FA.
Le
sulfitage des vendanges favorise donc la formation de glycérol en ralentissant
le démarrage de la FA.
Le
glycérol donne de la rondeur au vin.
La
quantité de glycérol formé dépend :
- De la souche de levure
utilisée.
- De la température. Une
température au dessus de 30 °C diminue la formation de glycérol.
Remarques :
Les
vins issus de vendanges pourries noble contiennent beaucoup de glycérol, car la
pourriture forme du glycérol dans la vendange même, à partir du sucre.
Le
glycérinage des vins est interdit. .
42)-
L’éthanal (acétaldéhyde) et ses dérivés.
421)-
Ethanal (acétaldéhyde - odeur de pomme verte).
Dans
tous les vins il y a de petites quantités d’éthanal.
Plus
le sulfitage à la vendange a été abondant, plus il y a d’éthanal dans les vins, car les
levures produisent de l’éthanal tant que la totalité du SO2 mis dans la
vendange n’est pas combiné à de l’éthanal.
L’éthanal
est recherché dans les vins jaunes du Jura et dans les vin de Xeres espagnol.
Là, l’éthanal est produit en grande quantité par des levures de voile (Candida mycoderma).
422)-
Acide acétique.
Les
levures de la FA forment toujours de petites quantités d’acide acétique en fin
de FA (AV entre 0,2 et 0,4 g/l H2SO4).
L’acide
acétique se forme surtout en début de FA puis sa teneur diminue au cours de la
FA.
Une
partie de l’acide acétique est transformé en acétate d’éthyle (seuil de
perception : 50 mg/l).
La
production d’acide acétique au cours de la FA dépend :
- De la souche de levure :
Kloekera apiculata produit plus d’acidité volatile que les autres souches
de levures.
- De la teneur en sucre : plus
elle est élevée plus il y a production d’acidité volatile.
- De la température : plus
elle est élevée plus il y a production d’acidité volatile.
423)-
Acide succinique : 1 à 1,5 g/l.
424)-
Acétoïne.
Composé
volatil, ayant un seuil de perception très bas.
Il
s’en produit un peu au cours de la FA.
43)-
L’acide lactique.
Au
cours de la FA, les levures produisent de petites quantités d’acide lactique
(300 à 800 mg/l).
44)-
Les alcools supérieurs.
Il
se forme au cours de la FA des alcools supérieurs en quantité et en qualité
variables.
Ces
alcools supérieurs sont très importants car ce sont des précurseurs d’arômes.
5)- Evolution de l’azote au cours de la
fermentation alcoolique.
51)-
Assimilation des matières azotées par les levures.
Au
cours de la FA, l’azote total contenu dans les moûts diminue de 30 à 70 %, et
l’azote ammoniacal (le plus facilement assimilable
par les levures) peut diminuer jusqu’à 90 %.
L’addition
de sulfate ou phosphate diammonique (azote ammoniacal facilement et rapidement
assimilable par les levures) à la vendange est autorisée.
Cette
addition est conseillée les années de forte maturité, car les moûts ont alors
de faibles teneur en azote ammoniacal.
52)-
Restitution de l’azote par les levures.
Après
plusieurs mois de conservation sur lies de levures, on a une autolyse (auto
destruction) des levures. L’azote est alors de retour dans le vin.
6)- Evolution des acides organiques au cours
de la FA.
61)-
L’acide tartrique.
Pendant
la FA, l’acide tartrique peut diminuer de 3 ou 4 g/l. Ceci est du à la
précipitation massive du bitartrate de potassium moins soluble en milieu
alcoolique.
Aucune
levure ne peut dégrader l’acide tartrique.
62)-
L’acide malique.
La
teneur en acide malique diminue au cours de FA. Cependant seule une petite
quantité d’acide malique est dégradée par les souches de levures utilisées
(saccharomyces cerevisiae et saccharomyces bayanus).
Certaines
souches de levures et notamment schyzosaccharomyces dégradent des quantités
importantes d’acide malique (1,2 à 1,3 g/l). Ce sont des souches de levures
dites désacidifiantes. Cependant, Schyzosaccharomyces effectue rarement la FA.
7)- Bilan thermique de la fermentation
alcoolique.
La
FA est la transformation des sucres en alcool par les levures. Cette
transformation entraîne une augmentation de la température. .
Dans
la pratique, on a une augmentation de 1,3 °C/degré d’alcool formé.
Pratiquement,
le seul moyen de savoir si la FA est terminée, est de réaliser le dosage des sucres
résiduels. Si la teneur en sucre est inférieure à 2 g/l, la FA est terminée. On peut cependant considérer la fermentation alcoolique comme terminée lorsque la densité est inférieure à 995/992.
8)- Conduite de la fermentation alcoolique
A voir :
- et ici : https://veron-oenologie.blogspot.com/2019/05/fermentation-alcoolique-en-vinification.html