Le vin de
Champagne est le fruit d’un petit miracle œnologique.
La situation
géographique de son vignoble, à la limite septentrionale de la culture de la
vigne, même si le récent réchauffement climatique, s’il se confirme, est
peut-être en train de changer la donne, aurait dû le cantonner au rôle de vin
de faible qualité, peu plaisant car trop acide. La maîtrise de la prise de
mousse lui a donné sa noblesse. Il est ainsi devenu le symbole de la qualité et
du luxe, le compagnon incontournable de toutes les fêtes.
Bien que
principalement un vin blanc, le champagne est élaboré avec une majorité de
cépages noirs (pinot noir et meunier pour 70 %, contre seulement 30 % de chardonnay),
qui rend obligatoire la cueillette manuelle des raisins, son transport dans des
caisses de petite capacité et le pressurage direct, doux et fractionné de la
vendange intègre, pour éviter de colorer les jus de raisins. Cette contrainte
impose au vinificateur un respect des grappes de raisin et une sélection
rigoureuse des jus de raisin, à la sortie du pressoir, qui confèrent au
champagne une subtilité et une complexité rares.
Unique par sa
finesse et l’élégance de son effervescence inimitable, le champagne présente
paradoxalement de multiples facettes, chaque cuvée dévoilant à l’infini sa
personnalité originale, tellement différente de celle des autres. C’est par les
choix et savoir-faire mis en œuvre aux différentes étapes de son élaboration,
et par le talent de son créateur (chef de cave, œnologue ou vigneron), que le
caractère du champagne se dessine patiemment.
Un peu d’histoire
La prise de
mousse a été inventée en Champagne à la fin du XVème siècle. A cette
époque, la chute brutale des températures dans l’hémisphère nord (petit âge
glaciaire) empêche les fermentations alcooliques de se terminer normalement
avant l’hiver dans les vins de base. Elles reprennent donc naturellement au
printemps, dans les bouteilles, créant une effervescence.
D’abord
considérée comme un défaut, cette effervescence inhabituelle provoque une
importante baisse des ventes de vins de Champagne aux aristocrates français, au
profit des vins de Bourgogne.
En 1668, Dom
Pérignon est donc logiquement chargé de trouver le moyen de produire à nouveau
des vins de Champagne sans effervescence.
Entre-temps,
la noblesse anglaise manifeste un engouement pour les vins de Champagne
pétillants, allant même jusqu’à ajouter du sucre pour accentuer
l’effervescence, suivie un peu plus tard par les membres de la cour de France.
Dom Pérignon fait donc volte-face, et travaille à augmenter l’effervescence des
vins de Champagne, pour répondre à la demande du marché. Il invente ainsi :
C’est avec la
naissance des premières Maisons de Champagne au XVIIIème siècle
(Ruinart en 1729, Chanoine en 1730, Moët en 1743, Delamotte en 1760, Clicquot
en 1772, Heidsieck en 1785 et Jacquesson en 1798) que le commerce du champagne
effervescent prend réellement son envol, pour se poursuivre jusqu’à la crise
phylloxérique, à la fin du XIXème siècle.
Au début du
XXème siècle, les crises se succèdent. Après la crise phylloxérique
qui a fait passer la surface du vignoble champenois de 60 000 hectares à 12 000
hectares, la révolte de 1911, la première guerre mondiale puis la seconde vont
conduire la Champagne à s’organiser.
Quelques étapes clés
La deuxième
moitié du XXème siècle voit les ventes de champagne littéralement exploser (de
32 millions de bouteilles en 1950 à plus de 300 millions de bouteilles
aujourd’hui). La Champagne s’appuie sur une organisation bien structurée avec :
●
Des vignerons pour produire le raisin.
●
Des Maisons de Champagne et des Coopératives qui élaborent les
champagnes et les commercialisent en France, mais surtout à l’étranger.
●
Une interprofession forte (CIVC) qui assure l’entente entre les
vignerons et les Maisons de Champagne.
Le champagne,
vin traditionnel d’assemblage, devient le vin de la fête et de l’apéritif
incontournable et inimitable : «Il n’est champagne que de la Champagne».
Même si
l’Union des Maisons de Champagne (UMC : Grandes Marques et Maisons de
Champagne) commercialise aujourd’hui 60 % des bouteilles de champagne, la
période récente (fin du XXème siècle et début du XXIème
siècle) voit apparaître des évolutions prometteuses :
L’offre de
champagnes se diversifie ainsi, pour le plus grand plaisir des amateurs.
Le 4 juillet
2015, les coteaux, maisons et caves de Champagne entrent au patrimoine mondial
de l’UNESCO : une consécration, mais
surtout un message fort, porteur d’espoir et de paix.