Le « French Paradox » dévoilé
De nombreuses études
épidémiologiques s’accordent depuis longtemps sur une réduction du risque de
maladies cardiovasculaires pour les consommateurs modérés de vin rouge.
Cependant les mécanismes d’action des polyphénols en cause restaient
mystérieux. En identifiant le sous-type α du récepteur aux œstrogènes comme
l’acteur clé de la voie de transduction des polyphénols du vin, des chercheurs
d’Angers (Unité mixte Inserm 771- Université d’Angers -Biologie Neurovasculaire
Intégrée-) dévoilent notre si cher « French Paradox ». Leurs résultats sont
parus dans la revue PLoS ONE.
Une consommation modérée de vin, notamment de vin rouge, est
associée à une réduction du risque de maladies cardiovasculaires. Cette forte
suggestion ne reposait jusqu’à présent que sur des études épidémiologiques,
bien que très nombreuses. Le mécanisme mis en jeu ainsi que la cible
moléculaire responsable des effets protecteurs vasculaires du vin rouge
demeuraient inconnus à ce jour. Restait donc à démontrer scientifiquement ce
postulat.
Différentes études, à commencer par celles de l’équipe angevine, ont
cependant progressivement conduit à identifier les polyphénols du vin comme responsables d’un effet vasodilatateur
via la production de monoxyde d’azote (NO) par les cellules endothéliales.
Dans cette nouvelle étude et à l’aide de techniques de biologie
moléculaire, les chercheurs se sont appliqués à déterminer le mécanisme
d’action des polyphénols en jeu. Ils ont eu l’intuition de l’implication du
récepteur aux œstrogènes. Effectivement, l’activation du sous-type α du récepteur aux
œstrogènes (ERα) est connue pour stimuler la voie du NO dans les cellules
endothéliales.
Alors qu’expérimentalement les polyphénols du vin rouge – en
particulier la delphinidine - conduisent au relâchement vasculaire dépendant de
l’endothélium dans les artères issues de
souris sauvages, ils n’entraînent aucune vasodilatation dépendante de
l’endothélium vasculaire dans les artères de souris déficientes pour le
récepteur ERα.
Cela démontre que
l’effet vasodilatateur des polyphénols via la production de NO par les cellules
endothéliales nécessite la présence du récepteur ERα.
Par ailleurs, l’utilisation d’un antagoniste des récepteurs aux
oestrogènes (le fulvestrant) ou d’un siRNA1 dirigé spécifiquement
contre ERα abolit à la fois la production de NO et l’activation des voies de
transductions moléculaires menant à la formation de cette molécule dans les
cellules endothéliales humaines.
Une modélisation
moléculaire et des études de liaisons spécifiques ont permis à cette équipe de
confirmer l’interaction directe de la delphinidine sur le site activateur du
récepteur ERα.
L'ensemble des résultats sur la pharmacologie des polyphénols
fournit une base scientifique aux hypothèses issues d'études épidémiologiques
sur les effets protecteurs vasculaires de la consommation modérée de vin et
d'autres végétaux, probablement par leur capacité à activer le récepteur
œstrogène ERα.