vendredi 24 mai 2019

French paradox expliqué par des chercheurs de l'Université d'Anger


Le « French Paradox » dévoilé


De nombreuses études épidémiologiques s’accordent depuis longtemps sur une réduction du risque de maladies cardiovasculaires pour les consommateurs modérés de vin rouge. Cependant les mécanismes d’action des polyphénols en cause restaient mystérieux. En identifiant le sous-type α du récepteur aux œstrogènes comme l’acteur clé de la voie de transduction des polyphénols du vin, des chercheurs d’Angers (Unité mixte Inserm 771- Université d’Angers -Biologie Neurovasculaire Intégrée-) dévoilent notre si cher « French Paradox ». Leurs résultats sont parus dans la revue PLoS ONE.

Une consommation modérée de vin, notamment de vin rouge, est associée à une réduction du risque de maladies cardiovasculaires. Cette forte suggestion ne reposait jusqu’à présent que sur des études épidémiologiques, bien que très nombreuses. Le mécanisme mis en jeu ainsi que la cible moléculaire responsable des effets protecteurs vasculaires du vin rouge demeuraient inconnus à ce jour. Restait donc à démontrer scientifiquement ce postulat.
Différentes études, à commencer par celles de l’équipe angevine, ont cependant progressivement conduit à identifier les polyphénols du vin comme responsables d’un effet vasodilatateur via la production de monoxyde d’azote (NO) par les cellules endothéliales.

Dans cette nouvelle étude et à l’aide de techniques de biologie moléculaire, les chercheurs se sont appliqués à déterminer le mécanisme d’action des polyphénols en jeu. Ils ont eu l’intuition de l’implication du récepteur aux œstrogènes. Effectivement, l’activation du sous-type α du récepteur aux œstrogènes (ERα) est connue pour stimuler la voie du NO dans les cellules endothéliales.


Alors qu’expérimentalement les polyphénols du vin rouge – en particulier la delphinidine - conduisent au relâchement vasculaire dépendant de l’endothélium dans les artères issues  de souris sauvages, ils n’entraînent aucune vasodilatation dépendante de l’endothélium vasculaire dans les artères de souris déficientes pour le récepteur ERα.
Cela démontre que l’effet vasodilatateur des polyphénols via la production de NO par les cellules endothéliales nécessite la présence du récepteur ERα.

Par ailleurs, l’utilisation d’un antagoniste des récepteurs aux oestrogènes (le fulvestrant) ou d’un siRNA1 dirigé spécifiquement contre ERα abolit à la fois la production de NO et l’activation des voies de transductions moléculaires menant à la formation de cette molécule dans les cellules endothéliales humaines.

Une modélisation moléculaire et des études de liaisons spécifiques ont permis à cette équipe de confirmer l’interaction directe de la delphinidine sur le site activateur du récepteur ERα.

L'ensemble des résultats sur la pharmacologie des polyphénols fournit une base scientifique aux hypothèses issues d'études épidémiologiques sur les effets protecteurs vasculaires de la consommation modérée de vin et d'autres végétaux, probablement par leur capacité à activer le récepteur œstrogène ERα.