mercredi 22 mai 2019

Comment déguster les champagnes ?


Un champagne est le résultat de 3 à 15 ans (ou plus pour certaines grandes cuvées) de travail, de soins attentifs et de choix techniques. Il serait dommage, voire prétentieux, de balayer ces mois d’efforts par un jugement hâtif et définitif.
La très grande majorité des champagnes sont des assemblages de plusieurs années, pour garantir une régularité de la qualité de chaque cuvée au dégustateur. Les champagnes millésimés ne sont élaborés que lorsque le potentiel du raisin est exceptionnel. Une année peut être globalement médiocre, mais un secteur ou une parcelle particulière peut justifier l’élaboration d’un champagne millésimé.

Pour bien déguster un champagne, quelques conditions doivent être réunies :
     Le champagne doit être à bonne température : entre 7 et 9 °C. Plus le champagne est vieux, plus sa température de dégustation sera élevée. On pourra aller jusqu’à 13 ou 14 °C pour de très vieux champagnes.

     Le champagne doit impérativement être dégusté dans un verre adapté.

     Il faut essayer de créer une ambiance chaleureuse, conviviale mais feutrée, propice à l’éveil des sens, au plaisir et au recueillement.

Lors de la dégustation, tous les sens sont mis à contribution :

L’OUÏE

Lors de l’ouverture de la bouteille, plus ou moins festive, se concrétisant par un bruit caractéristique, allant du soupir d’aise à la détonation, et nous informant déjà sur la personnalité du champagne … et du serveur. On apprécie également le doux bruit de l’effervescence, qui peut être tonique, exubérante, ou au contraire sage ou raffinée, lorsqu’on verse délicatement le champagne dans la flûte.

LA VUE

On commence par regarder le coffret, le flacon et son habillage.
La mousse immaculée qui monte rapidement puis redescend tranquillement sollicite déjà les papilles et fait saliver. On observe sa limpidité, sa brillance, sa teinte qui peut aller du doré intense à l’or pâle, avec plus ou moins de reflets verts, en fonction de la présence de chardonnay dans l’assemblage. La finesse de ses bulles et leur abondance sont importantes. La présence d’un cordon de bulle autour du verre, sa persistance et sa délicatesse sont autant d’informations à ne pas négliger. Des larmes, signes de générosité, sont même parfois observées.

LE NEZ   

On sent le vin une première fois, lentement, avec attention. On fait tourner le champagne dans la flûte pour exalter les arômes, et on le hume à nouveau. On essaie d’appréhender sa respiration, son intensité, sa complexité, son énergie …. On tente de percevoir le registre de ses fragrances :
Fruité ? Floral ? Pâtisserie ? Brioche ? … Les cépages dévoilent leur caractère, qui évolue aussi avec le terroir et l’âge du champagne. Il est ainsi possible que le chardonnay «pinote», ou que le pinot «chardonne». Ici, la règle est la patience et la concentration. Il faut essayer de trouver … Les parfums ressentis sont quelques fois changeants, fugaces, ce qui est souvent le propre des grandes cuvées. Il n’y a pas de vérité, et la moindre influence extérieure, la moindre parole prononcée peut nous influencer… Mais l’essentiel est ailleurs, dans l’intensité du plaisir ressenti.

LA BOUCHE

Ici la logique nous fait différencier le début (l’attaque), le milieu et la fin. Est-ce qu’on déguste un champagne vif, minéral et élégant, ou plutôt rond, ample, intense ? Ici aussi, on pourra parler de complexité. On fait tourner longuement le champagne dans la bouche. On recherche les saveurs, mais aussi les parfums, perçus par voie rétro-nasale. On s’émerveille, plus rarement, d’une belle surprise, d’une pépite, d’un champagne atypique. On pourra enfin apprécier la longueur en bouche, c’est-à-dire, la persistance dans la bouche, une fois qu’on a avalé la gorgée.
Une fois toutes ces étapes réalisées, on essaie de faire la synthèse de ses sensations, d’avoir une vision globale du champagne dégusté, d’imaginer les mets qui se marieront le mieux avec lui.
On compare ensuite forcément aux autres champagnes que l’on a déjà goûtés. Mais là, plus on acquiert d’expérience, plus le risque est grand de se poser en juge, de porter un avis tranché et définitif sur la «valeur» du champagne dégusté. La tentation est grande de classer, hiérarchiser, et pourquoi pas de mettre une note. Il faut éviter à tout prix cet écueil, pour ne pas passer à côté de la cuvée, mais aussi du plaisir, d’émotions parfois troublantes et déroutantes. Il paraît beaucoup plus important d’essayer de comprendre pourquoi les champagnes sont si différents les uns des autres, de tenter d’appréhender les démarches techniques (viticoles et œnologiques), spirituelles parfois, des élaborateurs.