samedi 25 mai 2019

Baclofène - Lutte contre l'alcoolisme

Les médecins qui soignent l’alcoolisme sont en pleine effervescence, avec la pression de médias relayant des informations sur L’utilisation d’un vieux médicament générique pour guérir l’alcoolisme a déclenché une polémique médicale mondiale, loin d’être éteinte. La notion même de guérison définitive de l’alcoolisme est révolutionnaire : « alcoolique 1 jour, alcoolique toujours » était en effet le postulat de base partagé par tous jusqu’en 2004.

En ce mois de mai 2011, après 7 ans de combats menés sur tous les fronts par le cardiologue Olivier Ameisen, le paysage est trés contrasté :

- D’un côté, les « anti-baclofène » s’appuient sur des études officielles, qui n’ont testé cette molécule qu’aux faibles doses utilisées pour le torticolis (autour de 30 mg par jour). Et en France, ils veulent limiter leurs essais à venir à 90 mg. Estimant les doses plus élevées risquées en matière d’effets secondaires ….

- Tandis que les « pro-baclofène » s’appuient sur des résultats obtenus sur le terrain, depuis 7 ans, sur plus de mille patients, à partir de doses étalées sur une large palette : de 30 à 350 mg (dose utilisée par ailleurs pour certaines scléroses en plaque). Ces pro-baclofène estiment que les effets indésirables sont d’ores et déjà gérables …et infiniment moins graves et moins durables que les effets de l’alcoolisme à vie.

Le 23 mai 2011, on saura si le Ministère de la Santé finance enfin (ou non) des études officielles sur des doses élevées, de 100 à 350 mg. Ces « études officielles » étant celles menées après tirage au sort de centaines de malades, la moitié ne recevant qu’un placébo sans intérêt médical,….etc. Mais, en tout état de causes, les premiers résultats ne seraient publiés au mieux que fin 2013, soit le temps de laisser mourir infiniment plus de malades que le médiator n’a fait de victimes. Sans compter les souffrances des alcooliques qui ne meurent pas, et leurs innombrables drames familiaux … un médicament « révolutionnaire » contre l’alcoolisme qui suscite de grands espoirs. Le présent mois de mai s’annonce décisif… 
Le baclofène au coeur de la 38ème conférence de l'IREB
La 38ème conférence de l’IREB (Institut de Recherches scientifiques sur les Boissons) du 11 mai dernier a parfaitement illustré le malentendu profond qui persiste dans la communauté scientifique au sujet du baclofène, ce médicament qui peut avoir pour résultat positif de permettre aux patients alcooliques d’enfin parvenir à une consommation modérée ou nulle. Une partie de la communauté scientifique reste dubitative au sujet de ce médicament, pour plusieurs raisons.

En premier lieu, le baclofène agit sur le fonctionnement du cerveau : il inhibe la sécrétion de dopamine, c’est à dire qu’il diminue la satisfaction éprouvée à l’occasion de la consommation d’alcool ; mais il peut avoir d’autres conséquences sur l’encéphale, engendrer des somnolences, des maux de tête, dans certains cas des crises d’épilepsie, voire des tentatives de suicide. De plus, les études en laboratoire qui sont parues à son sujet sont peu nombreuses, contradictoires, et controversées parce que portant sur des types de patients sélectionnés de façon variable (plus ou moins motivés pour arrêter ou diminuer leur consommation d’alcool) et des prises du médicament à doses faibles (30 mg/jour).

A contrario, certains praticiens, comme les docteurs Jaury et de Beaurepaire, sont d’ardents avocats de la molécule. Renaud de Beaurepaire estime que « ses effets secondaires sont parfaitement gérables », qu’elle n’a « pas besoin d’être associés avec d’autres médicaments pour agir », et surtout que « tous les patients répondent très bien quand ils ont la bonne dose. »

La grande divergence entre les deux positions tient donc surtout aux doses à prescrire : les praticiens cités ci-dessus, mais aussi un médecin généraliste présent dans l’assistance lors de la conférence, ne fixent pas de dose maximale à ne pas dépasser, et font varier la dose journalière (qui peut aller jusqu’à 400 mg/jour) en fonction de l’évolution de l’état du patient. Cette solution est cependant toujours rejetée par les autorités sanitaires, puisque la dose maximale prévue par l’autorisation de mise sur le marché du baclofène est aujourd’hui de 80mg/jour, et que la prescription contre l’alcoolodépendance n’est pas reconnue, le médicament ayant été développé à l’origine pour soigner les problèmes musculaires.