samedi 25 mai 2019

Alcool, vin et maladies cardiovasculaires

Seule la consommation modérée et régulière de vin, et d'aucun autre type d'alcool, diminue le risque cardio-vasculaire.
Récemment publiée au British Medical Journal, une étude des Dr Jean-Bernard Ruidavets et Pr Jean Ferrières a  permis de comparer la survenance d’accidents cardio-vasculaire en fonction du mode de consommation d'alcool dans deux pays où les modes de vie sont nettement différenciés : l’Irlande du Nord et la France.

Les panels étaient composés d’hommes âgés de 50 à 59 ans, recrutés entre 1991 et 1994 et surveillés durant dix ans. Parmi les buveurs d’alcool, l’étude a distingué les coutumiers de l'alcoolisation du samedi soir (ou binge drinkers), consommant plus de 50 g d’alcool au moins un jour par semaine, des consommateurs réguliers, consommant de l’alcool au moins un jour par semaine, avec une ingestion inférieure à 50 g en une occasion. L’incidence d’événements cardio-vasculaires concernait les décès dus à des infactus du myocarde et des incidents de type angina pectoris.

Le panel de Belfast était composé de 2405 hommes et leurs résultats ont été comparés à ceux de trois panels français (Lille, Strasbourg et Toulouse) regroupant 7373 hommes. A Belfast, 60,5 % d’entre eux (1456) se sont rangés dans la catégorie des buveurs d’alcool hebdomadaires, contre 90,6 % (6679) sur les trois centre français. Parmi eux, 12 % (173) buvaient quotidiennement de l’alcool à Belfast, contre 75 % (5008) en France.

La consommation moyenne d’alcool s’établissait à 22,1 g.jour à Belfast contre 32.8 g/jour en France. Les binge drinkers représentaient 9.4% (227/2405) de l’ensemble du panel irlandais, contre 0.5% (33/7373) du panel français.

L’incidence annuelle d’accidents cardio-vasculaires graves était de 5.63 pour mille à Belfast et 2.78 pour mille en France. Après un ajustement des facteurs de risque, sur l’ensemble de la cohorte, le taux de risque d’accident par rapport à celui des buveurs réguliers était de 1.97 pour les binge drinkers, 2.03 pour les abstinents et 1.57 pour les anciens buveurs. Le risque comparé d’un infactus du myocarde à Belfast par rapport à celui de la France s’élève à 1.76 avant ajustement et 1.09 après. La prise en compte du facteur « nature de l’alcool ingéré » met en évidence que seule la consommation de vin est associée à un risque plus bas d’ischémie myocardique, quelque soit le pays considéré.

La conclusion des scientifique est que la prise d’alcool régulière et modérée qui caractérise le mode de vie des hommes en France (à Toulouse en particulier) est associée à un risque faible d’ischémie myocardique, contrairement au binge drinking qui prévaut à Belfast. Le type d’alcool consommé est déterminant puisque seule la consommation de vin est directement reliée à un risque cardio-vasculaire faible. Les buveurs qui recherchent une alcoolisation massive se tournent vers les spiritueux, voire la bière, mais pas ou peu vers le vin. En outre, les chercheurs notent que la consommation quotidienne de vin relève en France d’un mode de vie comprenant une alimentation variée qui contribue elle aussi à l’abaissement du risque. Au contraire, l’alcoolisation massive du week end n’a pas vocation à accompagner un repas (au contraire, les buveurs, pour s’alcooliser plus vite ont tendance à le faire le ventre vide).