lundi 16 décembre 2019

Nouveaux cépages et environnement

Les cépages hybrides résistants ont obtenu leur classement en 2017 comme une possible alternative à l'usage des produits phytosanitaires. Après des décennies d'interdiction, la réglementation et les mentalités évoluent très - trop ? - vite. L'aube d'une révolution agronomique et culturelle qui déchire la profession.

Depuis 2017, 16 variétés créés en Allemagne, en Suisse, en Italie et à l'Inra de Colmar ont été autorisées.

La viticulture consomme 20 % des produits de synthèse pour 3 % de la surface agricole. Or la population ne veut plus voir un pulvérisateur, en témoignent  les arrêtés anti-pesticides. D'autant que les professionnels aussi en ont assez d'être contraints de traiter. Or de nouvelles variétés résistantes à l'oïdium et au mildiou, les principales maladies de la vigne qui touchent la souche Vitis vinifera commune à tous les ceps français, permettent de réduire les traitements de 80 à 90 %.

Historiquement, les cépages hybrides résultant de croisements avec des familles américaines, asiatiques ou sauvages étaient interdits en France.

Révolution agronomique
L'autorisation depuis 2017 de 16 variétés créés en Allemagne, en Suisse, en Italie et à l'Inra de Colmar (et sans doute d'autres en 2020) ouvre la voie d'une révolution agronomique à long terme, le rythme du renouvellement du vignoble plafonnant à 2 % par an. Mais elle ébranle les fondements d'un secteur organisé depuis les années 1930 autour de cépages emblématiques propres à chaque région.

Les détracteurs questionnent la longévité de la résistance des floreal, soreli B, bronner B, monarch N et autres, et s'inquiètent du devenir d'une certaine idée du vin français : comment faire du bourgogne sans pinot noir ni chardonnay ?

Et le terroir ?
« Jusqu'à il y a quatre ans, ces variétés n'intéressaient personne hormis quelques pionniers, et c'est devenu le sujet qui nous occupe le plus », constate Jean-Pierre Van Ruyskensvelde, directeur de l'Institut français de la vigne et du vin (IFV), débordé par la demande des pépiniéristes. « Et cela va croissant », dit-il, poussé par l'autorisation des variétés résistantes dans les  IGP en 2018. Une demi-douzaine (sur 75) les a déjà intégrées dans leur cahier des charges, le Pays d'Oc en tête, de loin le premier producteur.

Pour autant, le président de la Confédération des vins IGP, Gérard Bancillon, invite à la prudence : « N'allons pas trop vite. Plantons près des habitations et le long des cours d'eau pour ne plus traiter ces zones sensibles, mais pensons à la typicité de nos vins. »

V. Bonneaud-IFV